Dysfonction érectile et facteurs de risque cardiovasculaire

La dysfonction érectile est définie par l’incapacité persistante ou répétée à obtenir et/ou à maintenir une érection suffisante pour permettre une activité sexuelle satisfaisante pendant une durée minimale de 3 mois. Elle est associée à une souffrance psychologique importante du patient et/ou du couple (baisse de la qualité de vie, anxiété, dépression…). Elle a une origine organique ou psychogène (troubles dépressifs).

Elle constitue un sujet tabou et pourtant non négligeable : un tiers des hommes en souffrent à partir de l’âge de 40 ans. Cette prévalence augmente en cas de facteur de risque cardiovasculaire associé (hypertension artérielle, diabète, excès de cholestérol ou obésité, tabagisme, abus d’alcool, sédentarité)

La dysfonction érectile : 

Elle est un marqueur sentinelle indépendant du risque cardiovasculaire. Entre autres causes (traumatismes chirurgicaux, maladies rénales, pathologies neurologiques), elle peut être influencée ou aggravée par les facteurs de risque cardiovasculaire sus cités ou par certains médicaments antihypertenseurs (certains bêtabloquants et diurétiques). 

La prise en charge est pluridisciplinaire associant entre autres l’urologue, le cardiologue…

Le traitement consiste à :

  • Mesures hygiéno-diététiques = avoir une alimentation saine et équilibrée, perte de poids, arrêt du tabagisme, pratique d’une activité physique régulière pour lutter contre les facteurs de risques cardiovasculaires
  • Arrêt de tout traitement susceptible d’engendrer un trouble de l’érection (certains antihypertenseurs et antidépresseurs)
  • Injection de substances vasodilatatrices au niveau des corps caverneux, voire traitement chirurgical (implants péniens)

Témoignage d’un homme atteint de dysfonction érectile

Aujourd’hui, je vous partage le témoignage d’un de mes patients qui a eu la chance d’avoir une prise en charge pluridisciplinaire dans notre cabinet médical (cardiologue, endocrinologue et urologue) et qui est aussi abonné à notre newsletter :

Présentation de Jean-Michel 

« Je suis Jean-Michel, j’ai 53 ans, je suis marié et père de 03 enfants. Je suis hypertendu et diabétique. À 49 ans, je me levais plusieurs fois dans la nuit pour uriner et à 51 ans, on m’a diagnostiqué un cancer de la prostate. Cinq mois plus tard, je suis passé de 6 à 7 sur l’échelle de Gleason et un PSA 2,11 à 19,99. J’ai été opéré en septembre 2019 du cancer de la prostate.

La première fois que j’ai eu des problèmes de dysfonction érectile, ce fut une grosse surprise. Je ne comprenais pas pourquoi étant donné que tout fonctionnait très bien avant.  

L’impact sur mon dysfonctionnement érectile a été très important. Ce fut une remise en question permanente. 

L’impact de la dysfonction érectile dans ma vie personnelle 

Ma partenaire pensait que je n’avais plus envie d’elle. Comme j’étais très souvent en déplacement, elle a eu beaucoup de doutes sur ma fidélitéElle pensait que j’allais voir ailleurs ce qui n’était pas du tout le cas ! Heureusement, mon couple ne s’est pas disloqué à cause de ces problèmes érectiles. 

Certes, les rapports sexuels n’étaient pas présents, mais on a essayé de faire autre chose. On a essayé de se rapprocher en faisant des activités autres. C’est  ce qui nous a permis de franchir ce cap très difficile aussi bien pour elle que pour moi.

Après une opération de la prostate, j’ai eu des fuites urinaires. C’est dégradant, on a honte et il faut arriver à trouver un kiné qui puisse vous aider à limiter ces fuites urinaires. Il y a un gros travail à faire chez le kiné pour s’entraîner, pour s’imposer à aller uriner. 

J’ai finalement eu beaucoup de chance parce que, entre les médecins et mon kiné, tous ont su m’aider et m’ont permis de ne plus avoir de fuites urinaires depuis maintenant plus d’un an.

Aborder le sujet avec ma partenaire sur les dysfonctionnements érectiles a été très difficile au départ.  C’est après l’opération de la prostate que l’on a commencé à en parler parce que techniquement, il n’y avait plus rien à faire. Mon corps ne fonctionnait pas. 

Le traitement que l’on m’a proposé au départ n’a pas fonctionné. 

Que ce soit les médicaments ou les injections. Aucune des deux méthodes n’a fonctionné. C’est à ce moment-là que l’on m’a dirigé vers un chirurgien qui pratiquait l’opération de la prothèse pénienne. 

 

Jean-Michel a eu la chance de bénéficier d’un implant pénien, ce qui lui a permis de retrouver une sexualité épanouie pour le plus grand bonheur de son épouse.

« Dr AMN : Quels conseils donneriez-vous aux hommes qui souhaitent aborder le sujet avec leur partenaire ?

JM : Je dirai qu’avant de parler de ses problèmes d’érection avec sa partenaire, il faut deux choses : beaucoup de courage parce qu’on est quand même dans un état d’esprit lourd et difficile à surmonter. On se sent tout de même très amoindri. Il faut également que la partenaire puisse avoir en main les informations suffisantes pour comprendre la pathologie. 

Il faut bien comprendre que c’est une maladie. Ce n’est plus le cerveau qui dit non, c’est le corps. Il faut que les médecins puissent dire à la partenaire que ça ne vient pas du patient, mais ça vient de la maladie. C’est ça le plus important.

Dr AMN : Quels conseils donneriez-vous aux hommes souffrant de dysfonction érectile ?

JM : La première chose que je leur dirai, c’est qu’il manque un accompagnement des patients. Cet accompagnement, les médecins pourraient en assurer une grosse partie, mais peut-être par manque de temps et de moyens, cet accompagnement n’est pas suffisamment approfondi. 

Que ce soit à cause d’un cancer, de problèmes sanguins ou du diabète, peu de solutions sont proposées pour gérer la vie après la maladie. Certes, on trouve des médicaments, ou des injections, mais pour beaucoup de personnes, ces solutions sont compliquées, douloureuses ou inefficaces. 

Au départ, on peut être aidé par une infirmière, mais quand on se retrouve seule avec une seringue, ce moment peut être vécu très difficilement. »

Conclusion

En plus d’un implant pénien, Jean-Michel a décidé de respecter quotidiennement son traitement antihypertenseur, de prendre correctement ses doses d’insuline, car il est maintenant conscient que la dysfonction érectile est avant tout une complication cardiovasculaire ! Il s’apprête d’ailleurs à prendre rdv avec la nutritionniste pour s’assurer que son régime est correct.

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